Flash Info 201 : Forêt résiliente 2.0 ? A côté de la plaque !

Dernière mise à jour le 16 Feb. 2023

Erabliere de ravin

Suite au second appel à projets « Forêt résiliente » lancé en été dernier, 461 ha de forêts privées vont bénéficier d’une aide publique au reboisement. Cela va donner un coup de pouce à 184 propriétaires privés pour les aider à reboiser la forêt avec davantage de résilience face aux effets des changements climatiques. Cependant, près de 55 projets n’ont pas été retenus, beaucoup de propriétaires en plein projet de reboisement disent ne pas avoir accès à ce soutien financier trop idéaliste et, en plus, l’enveloppe déjà maigre de 1,7 millions € est loin d’être consommée (seulement 1,1 million €). On se trompe d’objectif pour NTF…


Lourdeur administrative ?

Le délai trop court pour déposer les candidatures en période estivale est la réponse la plus apparente donnée par la Ministre de la Forêt, Céline Tellier, au député wallon MR, Monsieur Nicolas Janssen, dans sa question parlementaire concernant le bilan plutôt mitigé de la seconde édition.  Et la Ministre de s’engager pour le 3me projet-pilote à alléger les procédures trop administratives. L’appel à projets devrait être lancé dans le courant du premier trimestre. Madame la Ministre n’apporte cependant aucune indication véritablement concrète sur le second projet et, à ce jour, ni le comité de suivi et encore moins les représentants des propriétaires privés n’ont été consultés pour chercher ensemble les améliorations nécessaires pour atteindre un objectif simple, efficace et réaliste à (re)définir ensemble correctement.


Les propriétaires privés reboisent

Il y a pourtant une volonté manifeste de la part des propriétaires forestiers privés de reboiser et de s’investir dans des projets résilients de repeuplement, en atteste notamment l’indisponibilité croissante de plants auprès des pépiniéristes. Selon les experts forestiers, entre 1.800 et 2.000 ha de parcelles forestières feraient potentiellement l’objet d’une replantation chaque année en forêt wallonne privée (soit 1% de la surface de la forêt privée wallonne, estimée à 283.000 ha (IRFPW)). Si on tient compte d’un coût moyen de 5 à 6.000€/ha pour replanter (et donc relancer un cycle de croissance des arbres), cela veut dire qu’au moins 10 millions d’euros seraient nécessaires et investis chaque année dans la forêt wallonne par les propriétaires privés. Une partie de la forêt privée wallonne (à peu près 47.750 ha, soit plus de 20%) n’est pas exploitée (parce que sol trop sec, trop mouillé, pentu, etc.) et donc naturellement dédiée à la biodiversité. Une autre partie de la surface forestière privée est propice à la régénération naturelle et ne nécessite donc pas ou peu d’investissements à la plantation et l’entretien. Pour NTF, il est primordial que le soutien financier public soit destiné à aider en priorité les propriétaires qui doivent investir des sommes importantes pour relancer/corriger un plan de route du boisement intégrant de nouveaux impératifs de résilience.


Soutenir les plus lourds investissements

Or, en voulant privilégier les méthodes sylvicoles peu interventionnistes au motif de la préservation de la biodiversité, la Région wallonne est en train de financer avantageusement (de 100 à 200%) des projets qui n’ont pas besoin d’argent alors qu’elle n’intervient que pour 25 à 30% sur des investissements couteux de reboisement indispensables pour infléchir le parcours de notre forêt wallonne vers la résilience. D’autres « mauvaises bonnes idées » doivent aussi être soulevées comme la volonté manifeste et trop exclusive de favoriser les essences indigènes alors que près de la moitié de ces essences proposées sont sensibles ou menacées par les effets du changement climatique…

Pour NTF, si on veut vraiment une forêt résiliente pour demain, les aides financières publiques doivent être structurées par l’intermédiaire d’un décret dans le but d’aider chaque année, massivement et efficacement, les projets de reboisement couteux de près de 2.000 ha par an de forêts privées.


Question parlementaire de Nicolas Janssen (MR) à la Ministre Céline Tellier: